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Atmosphères de Judy Chicago


Judy Chicago, Purple Atmosphere, 1969. Fireworks. Santa Barbara, CA. © Judy Chicago

L'exposition «I remember the earth», au Magasin des Horizons de Grenoble, est une ode à la Terre, à ses paysages, à ses matériaux et ses ressources nourricières. Des artistes femmes engagées, précurseurs et contemporaines, sont mises à l'honneur dans ces pratiques artistiques alliant l'art, la terre et la spiritualité.


Zoom sur Judy Chicago, pionnière du land-art, revisité à la manière féministe.


L’artiste californienne s'est formée à la pyrotechnie, et a crée des œuvres éphémères installées en pleine nature, immortalisées par la photographie, dans les années 60 et 70.


Des nuages de fumée s'élèvent dans le ciel d'un désert. Des volutes vaporeuses et colorées émanent d'une plage. Une femme s'empare du feu et allume des fumigènes dans un paysage désertique... Les images prêtées par le Fonds régional d'art contemporain de Lorraine témoignent de ces installations fugaces qui rendent paradoxalement perceptibles des temps immémoriaux, où la Terre pouvait être Déesse. Où l'Homme, ici remplacé par la Femme, accomplissait des rites anciens en son hommage. Rappel de temps préhistoriques ou fiction artistique ? L’artiste brouille le réel pour mieux le sublimer dans une explosion de couleurs pastels.


Ces vibrations colorées jettent un pont entre la terre et le ciel, le feu et l'eau, la femme et la nature. Une enveloppe de fumée adoucit les paysages, comme une touche féminine apportée à la nature. Les contours et reliefs de la Terre sont arrondis dans un sfumato contemporain.


Smoke Bodies, 1972; from Women and Smoke

La pratique artistique de Judith Chicago est engagée et résolument féministe. Elle s’élève contre la domination de l'homme sur la nature qui a conduit de grandes figures masculines du land art comme Richard long à scarifier ou terrasser la nature pour la transformer, voire la détruire (Richard Serra).


Elle redonne le flambeau aux femmes, en les rendant maîtresses du feu et rétablit le matriarcat. Elle participe du mouvement de la Déesse, qui considère que Dieu peut prendre une allure féminine. Incarnée par ces femmes femmes nues, mi déesses mi chamanes, la Déesse ici se voile de mystère et jette son esprit vaporeux sur la terre pour mieux intercéder avec le ciel. Elle est source de vie et de fertilité. C'est aussi le feu sacré de la libido féminine qu'elle fait jaillir et répandre dans son corps et bien au delà...


Qui est Judy Chicago ?

Artiste plasticienne féministe, écrivaine, et enseignante, Judy Chicago est née en 1939, et porte le nom de sa ville d'origine, refusant de porter tout patronyme se référant au patriarcat. Dans les années 1960-1970, elle se forme à la pyrotechnie, domaine alors réservé aux hommes et crée des installations en plein air. La plus connue est «A Butterfly for Pomona », en 1974 - le papillon étant pour elle la métaphore de féminité, et de la libération. Dans les mêmes années, son œuvre maîtresse, exposée au Brooklyn Muséum de New York, est le «Dinner Party», installation reconstituant une scène où sont invitées à dîner 39 femmes artistes méritant d’être reconnues. La table est de forme triangulaire et à chaque place attitrée à une femme artiste correspond un symbole féminin -- le papillon et la vulve représentant des motifs récurrents.


Judy Chicago fête ses 80 ans en couleur ! Judy Chicago, On Fire at 80, Cirrus Gallery 50th Anniversary Commemorative Print, © Judy Chicago/Artists Rights Society (ARS), New York. Photo © Donald Woodman/ARS

Olivia Cahn



A voir :

L’exposition « I remember Earth» au Magazin des horizons jusqu'au 15 Décembre 2019



Quelques vidéos et photos de l'oeuvre de Judy Chicago :

A butterfly for Pomona, en 2012



Sur le mouvement de la Déesse


Sur la spiritualité féministe et les féminismes religieux https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes.htm

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