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Adrien Brody, hypnotique dans "The Brutalist"

Rosalie Hurtado

Adrien Brody marque l’histoire aux Oscars 2025 pour son rôle incomparable dans The Brutalist, considéré comme l’un des dix meilleurs films de 2024. Ce conte universel sur l’immigration est aussi un réquisitoire violent contre le capitalisme. Excessivement puissant.


The Brutalist, film de Brady Corbet avec Adrien Brody, 2024.
The Brutalist, film de Brady Corbet avec Adrien Brody, 2024.

Sublime, la scène où Laszló Tóth (Adrien Brody), sur le quai de la gare à Philadelphie, embrasse, enlace, recommence à embrasser son cousin Attila américanisé en Pennsylvanie. Il ne peut s’arrêter. Il semblerait que tout le film soit résumé dans cet instant. Le visage d’Adrien Brody passe par toutes les couleurs de l’émotion : joie, peur, tristesse, douleur… Une scène bouleversante sur la souffrance humaine. Nous sommes sidérés, stupéfiés, fascinés. Si l’on ne tombe pas, à ce moment-là, immédiatement amoureux de ce visage, de ce personnage aux multiples personnalités, il faut sortir de la salle… Personne n’est sorti. Les 3h 40 de cette magnifique fresque écrite par Brady Corbet et sa femme Mona Fastvold nous ont scotchés. Même pas besoin de l’entracte !!! 





Les États-Unis sens dessus dessous

La statue de la liberté à l’envers, le passage du rêve américain au cauchemar nous ont profondément émus. Tóth va nous mener par tous les états d’une vie de migrant aux États-Unis, côtoyant les moments les plus difficiles à d’autres beaucoup plus somptueux, car Tóth est un homme célèbre dans son pays d’origine. Cet architecte juif hongrois, survivant de l’Holocauste, a construit en Hongrie des bâtiments célèbres, en béton lisse, dans la mouvance du "brutalisme" de l’école Bauhaus. Tout se joue sur cette ambivalence où le riche industriel Harrisson Lee Van Buren et sa famille soufflent le chaud et le froid sur cet individu qui a conquis notre cœur. Le capitaine d'industrie haïssable est magnifiquement interprété par Guy Pearce.


Sacrée performance d’acteurs !  

Adrien Brody marque l’histoire aux Oscars 2025 car… fait notable : il reçoit ce trophée pour la deuxième fois dans sa carrière. Il avait 29 ans lorsqu’il reçut l’oscar du meilleur acteur pour Le Pianiste de Roman Polanski, où il jouait le rôle d’un musicien juif dans le ghetto de Varsovie. Il détient d’ailleurs toujours la place du plus jeune lauréat qu’il a obtenu devant Omar Sharif.  À 53 ans, Adrien Brody attire tous les regards dans le chef-d’œuvre qu’est The Brutalist. De façon involontaire, c’est le même cadre historique et la question de l’art et de la guerre qui lui permettent de remporter ce prix. La dépendance des artistes manipulés par des hommes riches est également un sujet cher à Brady Corbet, car il en souffre toujours aujourd’hui lorsqu’il défend le cinéma indépendant.


Le montage du film a nécessité sept ans alors que le tournage s'est effectué en seulement quelques mois. Pour les amoureux de l’Italie, une mention spéciale pour les magnifiques prises de vue à Venise et dans les carrières de Carrare. En l’occurrence, le film est une co-production internationale entre les États-Unis, l’Angleterre et la Hongrie. Il n’a d’ailleurs pas été tourné en Pennsylvanie, mais à Budapest. Le film fait aussi écho à la fuite de la mère d’Adrien Brody et de sa famille, lors de la répression soviétique contre le soulèvement hongrois en 1956. D’ailleurs, cette dernière, Sylvia Plachy, photographe de métier, est venue sur le tournage prendre quelques clichés et aussi donner des conseils à propos de son vécu. "Nous ne pouvions pas la décevoir…", confie Adrien Brody à la journaliste de Vogue, Wendell Steavenson. 


À l’apothéose de sa carrière, laissons-lui la conclusion avec un discours de 5 minutes et 40 secondes, le plus long de l’histoire des Oscars sur ses quatre-vingt-dix-huit ans d’existence. Provoquant le rire du public, en référence à son film Le Pianiste, il demande à ne pas être interrompu : "S’il vous plaît, éteignez la musique, je l’ai déjà fait…". Puis pour finir sur une note poignante et engagée : "Je suis ici pour représenter les traumatismes persistants et les répercussions de la guerre et de l’oppression systématique, antisémite et raciste. Si le passé peut nous apprendre quelque chose, c’est de ne pas laisser la haine se propager sans contrôle."







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